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Droits des femmes : existe-t-il une égalité que l’on puisse atteindre ?

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Les mouvements féministes occupent de plus en plus la scène dans la quasi-totalité des pays du monde. Dans la plupart de ces pays, notamment africains, la lutte de ces mouvements manque une certaine cohérence, tributaire d’une part de l’incompréhension du concept « égalité » et d’autre part d’un problème d’adaptabilité. Il urge donc de donner à cette lutte sa véritable orientation.  

« La Nature a horreur de l’égalité. Voyez-vous, la Nature ou Dieu, pour les croyants, n’a jamais créé deux choses égales ou identiques. Il ne saurait y avoir d’égalité dans la Création. Chaque feuille d’un même arbre est unique et jamais égale ! Chaque créature est non seulement unique dans son genre, mais il est impossible d’établir une quelconque égalité à l’intérieur des genres et entre les genres », affirmait Dr Fodé Moussa Sidibé, écrivain et enseignant-chercheur au Mali, dans une interview accordée en janvier 2021 au site phileingora.org.

La « raison suffisante »

Cette déclaration du professeur de littérature africaine amène à s’interroger sur le sens de la lutte que maintes femmes et organisations non gouvernementales mènent dans le cadre de la défense des droits des femmes. « L’égalité » est le concept branlé comme étant un droit à conquérir pour les femmes, comme s’il existait quelque part dans le monde cette égalité.

Bien qu’éloigner de nous de quelques siècles, le penseur allemand Leibniz n’invitait-il pas à comprendre qu’« il n’y a jamais dans la nature deux êtres qui soient parfaitement l’un comme l’autre » ? Selon lui, tout ce que Dieu crée a une « raison suffisante » d’exister. Or pour quelle nécessité le créateur créerait-il deux êtres tellement semblables l’un de l’autre qu’il serait même impossible de les distinguer ? 

Cette égalité n’existe nulle part, même entre les hommes eux-mêmes. S’il en existait, on se demanderait pourquoi nos doigts sont supérieurs les uns des autres, pourquoi il y a des pays développés et des pays en voie de développement, etc.

Deux êtres complémentaires

Face à une telle problématique, certains pourront d’ores et déjà rétorquer que ce qui est visé derrière cette question de l’égalité entre l’homme et la femme est l’égalité juridique, à savoir le principe selon lequel les mêmes lois s’appliquent à tous ; et l’égalité de chance, qui est le principe selon lequel tous les deux sexes doivent avoir le même droit et la même possibilité d’en jouir. Cette précision ne résout point l’équation. Est-il possible d’accéder à une « égalité juridique » ou de « chance » dans un monde divisé en riche et pauvre, en pays émergents et en pays développés ?

Cette aporie a amené certains à parler de complémentarité qui n’a d’autre visée que l’équité entre les genres. Si l’homme et la femme sont complémentaires, c’est parce que chacun d’eux possède une insuffisance que l’autre doit combler. L’homme et la femme sont comme les deux faces d’une même monnaie. « Séparés l’Un de l’Autre, ils semblent à la fois inutiles et en danger de mort, comme si seule l’unité des deux avait sens et efficacité. L’Un doit épouser l’Autre et collaborer avec lui pour que l’humanité soit complète, c’est-à-dire “accomplie, achevée, parfaite”. Rien n’indique a priori la suprématie de l’Un ou la moindre nécessité de l’Autre », expliquait la féministe française Elizabeth Badinter. Une conception beaucoup plus réaliste.

Une adaptation s’impose

Cette conception de la complémentarité des deux êtres est également la position défendue par Dr Fodé Moussa Sidibé. Celui-ci pense qu’il faut plutôt parler « d’équité entre les genres (gender en Anglais), mais pas d’égalité ».

Dans les pays africains, il est d’une importance capitale que les combattants pour cette égalité prennent beaucoup plus de recul pour mieux analyser les concepts, les contenus afin de ne pas piéger les femmes à l’avenir. Certes, il faut se battre contre les violences faites aux femmes, se battre pour l’accès des femmes à un travail décent, pour leur accès à la santé, mais pas jusque aller demander de l’impossible pour elles.

En dehors de tous ces paramètres, l’autre aspect fâcheux des luttes pour l’émancipation des femmes en Afrique, et précisément au Mali, c’est cette volonté d’importer des valeurs de l’occident sans se soucier de leur adaptation aux valeurs de nos sociétés. Or, tant que ces paramètres ne seront pas analysés et pris en compte, cette lutte aura encore un long chemin à parcourir.

Fousseni Togola

Source : maliweb.net


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